vendredi 17 septembre 2010

Comment je me suis fait avoir par mon entrepreneur

Les faits décrits ci-dessous sont considérablement résumés. Sinon il aurait fallu un livre entier, et personne ne l'aurait lu.
Je vais donc vous expliquer les grandes "phases" d'une mésaventure qui a été très couteuse, mais surtout très éprouvante. Dans le déroulement de cette histoire, vous verrez que les "indices" arrivent au fur et à mesure. On ne se rend pas compte tout de suite de la gravité du problème.

Phase 1 : Je signe un devis avec la société "Paint and Co" pour des travaux de rénovation de mon appartement. Nous sommes d'accord sur tout, la date de démarrage est fixée, et l'entrepreneur, M. Charles Tassin, s'engage sur un délai de 10 semaines. Il a même été jusqu'à mettre des pénalités de retard.
Nous avons rencontré son chef de chantier, Bob.
Les règlements seront de 30% au démarrage du chantier, 50% à l'avancement et 20% à la fin.

Phase 2 : On paye les 30% prévus au démarrage. Le chantier démarre et se déroule normalement pendant environ un mois (ce qui ne veut pas dire sans problème, mais ceux-ci sont corrigés au fur et à mesure). C'est la phase la plus facile du chantier, puisqu'on commence par tout démolir. On paye environ 15% à l'avancement.
Pendant cette période, l'entrepreneur et son chef de chantier, Bob nous explique qu'il faut maintenant passer commande du carrelage, du parquet et de la cuisine. On choisit tout et on lui verse 50% du prix pour qu'il puisse passer les commandes. En le commandant lui-même, il bénéficie d'une TVA réduite à 5,5% au lieu de 19,6%. 
Indice 1 : Lorsque l'équipe arrive sur le chantier, ce sont des polonais. L'un d'eux se présente comme le chef de chantier. Bob n'est en réalité pas le chef de chantier, mais le sous-traitant. Il travaille pour la société JL Décoration, dont la gérante est son épouse, Jacqueline Lebègue. L'entreprise Paint and Co avec qui nous avons signé n'a aucun employé et sous-traite tous ses chantiers.
Indice 2 : L'entrepreneur nous demande de ne pas mettre d'ordre sur les chèques. Heureusement, on lui demande très fermement un reçu à chaque fois. Les chèques sont généralement transmis par Tassin directement à Bob, qui les encaisse au nom de sa société (JL Décoration) ou au nom de sa fille.

Phase 3 : Le deuxième mois, le chantier ralentit un peu car on attend les fournitures. On paye encore 15% à l'avancement. Reste à payer 20% à l'avancement et 20% à la fin.
Indice 3 : Les explications concernant le retard des fournitures sont d'une grande diversité : le magasin n'a pas reçu mon fax, le carrelage vient d'Italie et est bloqué à cause de la neige, je sais pas, c'est la faute à Bob, c'est la faute à Charles... pour finir par "c'est arrivé à l'entrepot, mais je préfère ne pas l'apporter sur le chantier pour éviter qu'il ne soit abimé tant qu'on n'en a pas besoin".
Indice 4 : Chaque fois qu'on nous promet quelque chose pour un jour donné, ce n'est pas fait. Plus rien n'avance, tout traine.

Phase 4 : Pendant le troisième mois de chantier, il n'y a plus qu'un ou deux ouvrirers de temps en temps.
Un jour M. Tassin apporte quand même une partie du carrelage. Le moins cher des deux, celui de la cuisine. 
Indice 5 : Dans le doute, je finis par appeler les magasins, et j'apprend que les autres commandes n'ont pas été passées.
A partir de ce stade, plus besoin d'indices, je ne suis plus dupe.


 Phase 5 : Tout d'un coup, une équipe de 4 personnes arrive, et il peignent tous les murs en deux jours. Enfin quand je dis "ils peignent", c'est un euphémisme. Ils ont dû sauter la classe de maternelle, vous savez, celle où on apprend à ne pas déborder quand on colorie. Notez qu'ils n'ont pas pris le temps de démonter les radiateurs pour peindre derrière.
Une fois la peinture "jetée" sur les murs (et un peu aussi sur les fenêtres et le plafond), l'entrepreneur organise une réunion de chantier. Il essaye par tous les moyens de vous faire dire que vous êtes content, que ça avance bien, qu'on voit enfin à quoi ça va ressembler, que le choix des couleurs est excellent, que la vie est belle, vous avez une belle chemise, etc...
Difficile de positiver, mais pour lui faire plaisir on fini par lacher un ou deux "oui" polis.
Saisissant votre "oui" à la volée, comme le ferai un tennisman aguerri, l'entrepreneur vous demande de payer les 20% à l'avancement restant. La ficelle est trop grosse, je refuse tant que je n'ai pas toutes les fournitures qui ont été commandées. Pour les fournitures, on n'a payé que 50%, il nous demande le solde si on veut être livré. On refuse aussi. Il arrête immédiatement le chantier.

Phase 6 : Je demande au concilliateur de justice de le convoquer. Il vient, accompagné de Bob. Il est d'accord avec tout ce qu'on lui demande. Il reprendra le chantier lundi, livrera le carrelage mardi et les meubles de cuisine mercredi, il fait même une ristourne de 10% pour le préjudice. Il signe.
Lundi, personne.
Mardi, pas de carrelage.
Mercredi, pas de cuisine.

Phase 7 : Je finis par trouver le numéro de téléphone de sa femme. Il se trouve que c'est elle qui est officiellement gérante de la société, elle est donc responsable, même si nous ne l'avons jamais vue. J'y vais au culot, je l'appelle et je lui explique. Elle me dit qu'elle tanne son mari pour qu'il finisse ce chantier.
Au bout de quelques jours, ils finissent par me dire que tout ça, c'est à cause de Bob, et qu'il change de sous-traitant.

Phase 8 : Le nouveau sous-traitant arrive, et annonce qu'il ne pourra travailler que quand il aura les fournitures... ben oui, logique !! On peut pas poser du carrelage si on n'a pas le carrelage.
L'entrepreneur finit par livrer le carrelage... tenez-vous bien, il n'apporte que la moitié (toujours les excuses à la Prevert : tout ne tenait pas dans la voiture, c'est trop lourd... ben oui, c'est sur !!). Et pour le parquet, il dit qu'il l'a payé à Bob et que Bob lui a juré qu'il le liverait le mercredi suivant.

J'arrête parce que vous allez décrocher... si, si, je le sens. J'avais écrit 49 phases, mais ça se répète un peu. Promesses non tenues, redémarrages, arrêt à nouveau, etc...
Je vais juste finir en vous décrivant l'évènement qui m'a fait capituler : Bob, qui devait livrer le parquet mercredi, puis jeudi, fini par m'appeler le vendredi à 18h en me disant : "Je voulais m'assurer que vous étiez chez vous, parce que je n'ai pas la clé sur moi. Le magasin n'a plus le parquet qu'on lui avait commandé parce qu'on a mis trop longtemps à aller le chercher. J'ai une autre référence, mais comme je suis en voiture, et que ce n'est pas ce que vous avez demandé, je n'ai pris que 3 mètres carrés.".
Il faut le comprendre le pauvre. Sans avoir passé la commande, sans avoir pris les clés du camion, et sans avoir pris les clés de chez moi, il est normal qu'il rencontre les plus grandes difficultés à livrer la marchandise.
Ca se passe de tout commentaire, je lui ai dit de garder ses 3 mètres carrés, et que je lui ouvrirais la porte quand il viendrait avec la totalité. Il n'a jamais rappelé.

Dans un prochain billet, j'aborderai la phase "tribunal".

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